Vikings d’Écosse, tome 3/3

Romance historique — Norvège — 1ère édition mars 2019 — Disponible en numérique et format poche.

  • Résumé
  • Tu l’as lu ?
  • Paroles de lecteurs
  • Mon petit mot
  • Prologue
La conjuration d'un Viking romance historique Anna Lyra

Résumé

Royaume de Sogn, actuelle Norvège, l’an 845.

Trahie ! Alfie est traversée de sentiments contradictoires depuis qu’elle sait que Sven lui ment : rage, révulsion, désespoir… Ce Viking au passé trouble, pour qui elle a pris des risques en dupant les autorités et qu’elle a recueilli dans leur ferme avec tant de bonté, l’a poignardée sans vergogne. Elle sait désormais qu’elle ne peut plus se fier à cet homme tatoué, malgré le désir latent qui la consume. Doit-elle pour autant le chasser au loin alors que la saison froide a déjà recouvert de son manteau blanc toute la Norvège ? Ou taire ce que ses visions lui ont appris du passé de Sven, pour qu’il continue à protéger les siens contre les troupes pillardes du terrible Halfdan le Noir ?

Tu l’as lu ?

Si toi aussi tu as lu ce roman, n’hésite pas à laisser ton avis sur Amazon – ainsi que sur les plateformes de lecture (de type Babelio, Livraddict, etc.) si le cœur t’en dit ! C’est ton avis qui oriente les futurs lecteurs et lectrices, et qui contribue à faire connaître le roman. D’avance, je t’en remercie !

Paroles de lecteurs

Ici, pas de raid, pas d’attaque de Vikings, mais le quotidien des fermiers, soumis aux rigueurs de l’hiver et aux aléas politiques. Une chose que j’ai appréciée dans cette trilogie, c’est la place accordée aux croyances, quelles qu’elles soient, sans jugement de valeur. Dans ce tome, c’est une forme de magie ancestrale, respectée et crainte à la fois, qui est abordée.

Aurore

La conjuration d’un Viking m’a totalement conquise, d’une part grâce à la richesse de son contenu historique, extrêmement bien documenté comme dans tous les romans d’Anna Lyra, d’autre part pour ses magnifiques personnages, à l’opposé des personnages stéréotypés que l’on peut trouver jusqu’à plus soif dans le roman sentimental. L’auteur décrit de sa plume élégante et fluide le quotidien d’une ferme au IXeme siècle, la vie rude des gens mais aussi la très belle et très touchante histoire d’amour qui naît entre Alfie et Sven. Je ne peux que recommander vivement la lecture de ce joli roman historique, que l’on soit amateur ou non de romances.

B. P.

Dès les premiers instants, je me suis sentie très proche de ces personnages sortis d’un autre temps et j’ai eu envie de savoir ce que l’avenir leur réservait. À partir de ce moment-là impossible de laisser reposer cette histoire tant j’ai été prise par son récit et touchée par cette relation « interdite » dans un contexte particulièrement difficile aux confins de l’actuelle Norvège.

Je suis épatée par la facilité avec laquelle Anna Lyra m’a emportée. Elle a une écriture juste, fluide, détaillée avec une narration très actuelle et pas du tout pompeuse. Elle ajoute même une pointe d’humour très agréable et arrive à raconter son récit de façon quasi hypnotique. Je n’ai pas pu résister à l’ensemble et en ressors totalement conquise.

La conjuration du Viking est un très beau coup de cœur qu’il me tarde déjà de réitérer. Immergée dans un monde de croyance empreint de magie, il va m’être dur de passer à autre chose et de laisser Alfie et Sven à leur vie.

Aurélia

Mon petit mot

Mon pari, avec ce roman, était de montrer un aspect souvent « oublié » dans les romances historiques qui préfèrent se concentrer sur les raids ou les pillages : la vie quotidienne des hommes et des femmes qui ne partaient pas en mer. Contrairement à l’image que véhiculent les diverses fictions, un Viking est avant tout un fermier. Un homme de la terre qui vit, pense, espère et craint en songeant à nourrir les siens. Un homme pétri de croyances ancestrales qui confinent à la magie… Ce sont tous ces thèmes que j’ai choisi d’explorer dans cette romance – en plus de l’amnésie. Sven et Alfie comptent parmi mes personnages favoris. 😉

Prologue

Il n’était pas mort.

Pas encore.

Sa poitrine se soulevait en pesantes saccades, et l’air vif s’engouffrant dans ses poumons ramenait progressivement son corps meurtri à la vie. Il ressentait chaque inspiration, chaque expiration. Chacune le tirait un peu plus de sa torpeur. En se concentrant, il parvenait même à bouger un doigt, puis deux, puis…

Un grognement éraillé lui échappa. Une douleur déchirait sa main désormais inerte, endolorie aux jointures.

Avait-il frappé quelqu’un ? Quelle drôle d’idée.

Un frisson le parcourut, et il chercha en vain le bord d’une couverture.

Où était-il pour avoir aussi froid ?

Réalisant soudain qu’il n’avait aucune réponse, ni à cette question ni à aucune autre, il ouvrit grand les yeux et la peur l’éveilla tout à fait.

Il ne vit rien d’autre que de l’herbe gorgée d’eau, le feuillage doré de bouleaux rachitiques dansant sur des nuages bas et, en se redressant avec prudence sur ses jambes ankylosées, l’étendue sombre de la mer à l’horizon.

Une mer inconnue. Des remous et des silhouettes pourtant familières, gracieusement arquées au-dessus des flots, trahissaient les ébats de jeunes phoques profitant de maigres rayons de soleil… Les retardataires d’un été terminé depuis longtemps. Des oiseaux de mer, portés par le vent glacé, virevoltaient au-dessus de sa tête. C’était la fin de l’automne, peut-être même le début de l’hiver.

La peur s’insinua dans son cœur. Il avait dormi dans un fossé rendu boueux par une récente pluie. Ou plutôt, il s’était effondré dans un fossé… Seul, sans vêtements chauds, sans bagages.

Il scruta la couche de nuages qui masquaient le soleil, en quête d’une indication de temps. D’instinct, il dirait que ce n’était pas l’aube mais plutôt le milieu de la matinée. Grelottant, il tordit un pan de sa chemise entre ses doigts raides. L’humidité le pénétrait.

Il devait absolument se réchauffer, trouver un abri. Cet endroit lui était totalement inconnu ; en tous cas, c’est ce qui lui semblait. D’ailleurs, d’où venait-il, au juste ? Que faisait-il là ? Depuis quand dormait-il ? Il eut beau tenter de rassembler ses souvenirs, rien ne vint.

Il tourna sur lui-même, désorienté.

D’un côté la mer, de l’autre une forêt de bouleaux. Le terrain montait légèrement en s’éloignant du rivage. Aucune trace de pas susceptible de lui indiquer d’où il venait.

Brusquement, il réalisa qu’il n’avait pas non plus la moindre idée de qui il était. Son cœur se mit à battre plus fort, emplissant sa tête d’une douloureuse pulsation.

Un souvenir, vite ! Sans doute avait-il pris un coup à la tête, ou bien le froid de cette nuit avait-il commencé à lui geler le cerveau… Ça allait forcément lui revenir ! Il se creusa la tête, encore et encore, refusant de se laisser envahir par la terreur glaçante qui se profilait au plus profond de son être.

Rien.

La seule chose qui lui revenait, c’était…

C’était ridicule. Un visage de vieille femme, fripé par le passage de la vie, hébergeant deux yeux globuleux aux prunelles ardentes. Une vision très désagréable. Étrangement tenace, même derrière l’écran protecteur de ses paupières closes.

Toujours rien le concernant ! Aucune bribe de souvenir. Perplexe, il tâta ses vêtements, ses bras, ses…

Il retint un cri de surprise, la main sur les côtes. Sa chemise en piteux état cachait des marques de coups : d’impressionnants hématomes bleuissaient son thorax.

Enfin… Autant qu’il puisse en juger, avec les nombreux tatouages ornant sa chair. Des volutes, des entrelacs, des cercles et des étoiles. Un corbeau, messager d’Odin Père de Tout, sur son épaule ; des serpents sur toute la longueur de ses bras, la langue étirée sur le dos de ses mains. Une tête de loups, tous crocs sortis, sur sa hanche. Celui-ci paraissait le plus récent.

Il examina à nouveau sa main droite aux articulations enflammées. Pour l’instant, sa seule certitude, était d’être droitier. Et blond, s’il en jugeait par les mèches emmêlées qui lui tombaient devant les yeux. Voilà qui était bien maigre ! Il se toucha le visage. Une barbe épaisse. Un nez tuméfié. Une tempe endolorie. Un peu de sang séché sur sa lèvre, et…

Par Thor, qu’est-ce que c’était que cela ? Un bourrelet de chair sensible barrait sa joue, et… continuait plus loin.

Plus haut.

Encore plus haut.

Une bouffée d’angoisse lui noua la gorge. Avisant une flaque d’eau de pluie dans un creux du fossé, un peu plus loin, il courut se pencher au-dessus. Il resta un moment interdit devant le reflet boueux qui se présenta à lui avant d’éclater de rire.

Un rire nerveux, de frayeur. De déni.

Une profonde balafre défigurait son visage, par ailleurs assez beau grâce à des traits réguliers surmonté d’un regard au bleu intense. La cicatrice déchirait sa chair depuis le front jusqu’à la lisière de sa barbe, creusait une dépression disgracieuse là où aurait dû se trouver sa joue.

Ses doigts tremblants se portèrent instinctivement sur ce creux abject qui disparaissait dans sa barbe longue et sale, mal taillée, et il vit les yeux de l’homme en face de lui s’écarquiller d’horreur. Comme un écho de son propre effroi.

Un son brisé s’échappa de ses lèvres sèches, se mêlant aux aux lointains bêlements des phoques.

C’était bien lui. Il se reconnaissait sans le moindre doute… Son nom lui échappait encore, mais il sentit avec une cuisante acuité le pincement au cœur, qu’il savait familier, devant son pauvre visage amoché.

Une grosse larme, traîtreusement surgie, dégringola à son insu le long de sa joue intacte et s’abîma dans la flaque en brouillant fugacement l’insupportable reflet.