Romance historique – Régence anglaise – 1ère édition avril 2025 – Disponible en poche et numérique.

  • Résumé
  • Tu l’as lu ?
  • Paroles de lecteurs
  • Mon petit mot
  • Prologue

Résumé

Londres, 1815

Eleanor n’a jamais laissé personne lui dicter sa conduite : ni son père, ni son frère, ni les convenances de la bonne société. On veut la forcer à épouser un noble libidineux et violent ? Eh bien, qu’à cela ne tienne : elle se travestira en homme, fuira sur les mers et pourchassera l’aventure, laissant derrière elle une traînée de scandales qui feront s’évanouir les aristocrates au bal ! Son plan est infaillible, à un détail près : Charles Alton, envoyé à sa poursuite. Il prend sa mission très à cœur, et Eleanor peine à garder sa longueur d’avance, d’autant plus que le charme indéniable du jeune homme lui donnerait presque envie de se laisser attraper…

Tu l’as lu ?

Comme d’habitude, si tu as lu et aimé ce roman, n’hésite pas à laisser un petit mot sur ton site de vente et sur tes sites de lecture préférés ! Merci à toi.

Paroles de lecteurs

Un roman palpitant, où la petite histoire croise la grande, porté par une lady aussi libre et attachante que capricieuse, et un héros marqué par la vie. Faites vos bagages et embarquez derechef pour cette aventure qui vous fera voyager !

M. Eliane

Mon petit mot

Suite et fin de ma série Régence anglaise, avec les aventures d’Eleanor et Charles. Cette fois, on change carrément de décor ! Direction l’Italie juste avant les Cent Jours, dans une course poursuite amoureuse où chacun devient le chasseur à tour de rôle…

Prologue

Quelque part à Londres, Noël 1814.

          Il faisait noir, et la maison était glaciale. Tout le personnel était parti. Chacun des employés avait une famille, même éloignée ; quelqu’un avec qui passer la soirée de Noël…

Charles, lui, était seul.

Par choix.

Il avait systématiquement décliné les offres répétées puis les supplications d’Andrew, son frère aîné, le duc de Shrewsbury. Lequel s’était fâché contre lui, bien entendu. Il n’avait pas compris.

Comment Charles aurait-il pu se joindre à sa jolie petite famille, assister à leur bonheur tout neuf ? Andrew était marié à une femme qu’il aimait, ils avaient tous deux un fils, Oliver, et attendaient leur deuxième enfant pour le printemps. Charles s’était réjoui pour eux, bien évidemment, toutefois…

Sa vie avait récemment pris un tournant décisif qui le plongeait dans les plus noirs tourments.

Il était seul, désormais. Être témoin d’un Noël paisible et familial l’horrifiait.

À la lueur mourante du feu qu’il était parvenu à allumer dans la cheminée du salon, Charles vit une main saisir le goulot de la bouteille de whisky qui, seule, lui tenait compagnie. Il mit un certain temps à comprendre qu’il s’agissait de la sienne, tant elle tâtonnait – et l’obscurité n’était nullement en cause.

Renonçant à essayer de viser son verre, il but directement au goulot. C’était bien pratique, et plus rapide. L’idéal lorsque, comme ce soir, l’objectif avoué était de trouver l’oubli ainsi que l’apaisement qui allait avec.

Il était si doux d’oublier… Si essentiel de ne plus nourrir de regrets, au moins durant quelques heures.

Charles but encore quelques gorgées qui lui brûlèrent la gorge, puis se laissa aller dans son fauteuil. Son regard tomba sur la petite danseuse en robe bouffante et perruque poudrée qui, seule, partageait son espace désormais.

La boîte à musique de Lucy. Une antiquité qui avait appartenu à sa mère et dont elle ne se séparait jamais… L’une des premières boîtes à musique, à vrai dire, qui étaient de plus en plus en vogue ces dernières années. Charles se souvenait l’avoir moquée, lorsqu’elle avait apporté cet objet dans leur chambre après leur mariage. Il trouvait grotesque la tenue de la petite poupée, ses grands yeux malhabiles qui semblaient prêts à délivrer des torrents de larmes, sa bouche pincée en une moue boudeuse, ses bras figés en l’air, l’antique ritournelle aux accents métalliques qui rythmait sa danse…

Charles, à présent, n’avait plus envie de rire de la danseuse. Au contraire, elle le rassurait. Il tendit le bras pour en remonter le mécanisme, puis trinqua dans sa direction avec la bouteille.

— À ta santé !

Il ferma ensuite les yeux, se laissant bercer par la mélodie.

Depuis combien de temps n’était-il pas sorti de chez lui, au juste ? Il avait commencé par refuser de retrouver son club, où il aurait immanquablement croisé des camarades, ainsi que les rues de Londres, où on l’aurait certainement reconnu. Il n’éprouvait nulle envie que l’on décompose ses expressions, que l’on analyse la moindre de ses paroles, que l’on jase à son sujet… Du moins, face à lui. Les gens pouvaient bien médire de lui en son absence, Charles s’en moquait bien.

Il ne voulait tout simplement plus voir personne. Sa maison était belle, plutôt spacieuse, il avait une armée de domestiques à son service… Quel besoin avait-il de sortir ?

Ainsi, son univers s’était progressivement réduit à sa chambre, le salon, et le couloir reliant les deux pièces. Son existence entière se résumait à présent à un parquet grinçant, des repas solitaires face à la cheminée, des papiers peints à festons, des tapis orientaux, une vieille boîte à musique et des bouteilles de whisky. Beaucoup de bouteilles de whisky.

Oui, depuis combien de semaines ou de mois n’était-il pas sorti de chez lui ?

Il haussa les épaules en avalant une autre gorgée de whisky. Il ne voyait plus vraiment en quoi c’était important… Plus rien n’était important, sans Lucy.

La musique mourut dans une lente asphyxie des notes.

Charles rouvrit les yeux, croisa le regard triste de la danseuse. Un instant il éprouva une déconcertante intimité avec la petite poupée à perruque, comme si à force de se côtoyer, leurs essences, celle de l’homme et celle de la fille de tissu et de porcelaine, avaient fini par fusionner pour former une créature hybride toute de tristesse et de répétition…

À bien y réfléchir, Charles aussi tournait sans fin dans un univers réduit. Sa boîte à lui. Il ne se défaisait point de son chagrin, lui non plus, il avait l’impression d’accomplir chaque geste de façon mécanique, par habitude. Et son temps se réduisait en même temps que son monde, uniquement rythmé par le tintement de l’horloge et la danse de la poupée.

— Allons ! Il est temps de se coucher, non ?

Charles leva le bras pour terminer sa bouteille, mais soudain il eut une réminiscence. Un vague souvenir à moitié avalé par les brumes de l’alcool, une silhouette effondrée dans un lit et un visage… Un visage flou, hanté par un regard incroyablement net. Acéré.

Les beaux yeux myosotis de Lucy se cramponnaient aux siens, les happaient comme pour les emporter dans l’autre monde. Mais, ce qui terrifia Charles plus que tout, ce fut les reproches qui en coulaient.

Il se secoua, se leva d’un bond et jeta la bouteille loin de lui. Le verre se fracassa contre le manteau de la cheminée, et le chagrin de Charles éclata simultanément.

Il hurla tel un possédé.

— Pourquoi, Seigneur ? Pourquoi nous ? Pourquoi ?

Il glissa au sol, ses larmes se mêlant aux gouttes de whisky et aux éclats de verre qui brillaient sur le tapis, aussi durs et froids que son existence l’était devenue.