Romance historique – Régence anglaise – 1ère édition octobre 2024 – Disponible en poche et numérique.

  • Résumé
  • Tu l’as lu ?
  • Paroles de lecteurs
  • Mon petit mot
  • Prologue

Résumé

Campagne londonienne, 1813.

Envoyée loin du monde et de la société londonienne, Edwina purge sa peine sans protester.  Accusée de scandale, porteuse de douloureux secrets, elle se réfugie auprès des animaux pour oublier et trouver du réconfort. Le seul élément perturbateur, c’est Richard, le garde-chasse. Il la trouble, lui donne envie de chercher sa présence autant que de le fuir, et l’apaise autant qu’il emplit ses nuits de rêveries passionnées. Mais peut-elle vraiment ouvrir son cœur de nouveau ? Et si elle était trahie, bafouée de nouveau ? Après tout, elle devine des ombres derrière les sourires de Richard, et un baiser peut dissimuler autant de mystères qu’en révéler…

Tu l’as lu ?

Si tu as lu et aimé ce roman, n’hésite pas à laisser ton avis sur ton site d’achat et/ou sur des sites de lecture, ou bien à en parler autour de toi. Je t’en remercie d’avance !

Paroles de lecteurs

Encore une fois, j’ai beaucoup apprécié la plume d’Anna Lyra. L’histoire est passionnante et pleine de rebondissements. Anna sait nous tenir en haleine, son écriture est imagée, toute en finesse, sans en mettre trop. Ses personnages sont très attachants.

Nuvoli Maryse

Que se passe t’il après le scandale ? Avec sa plume si gracieuse, Anna Lyra nous donne à voir une aristocratie anglais qui n’est pas tendre avec les jeunes filles boutées hors des beaux salons londoniens et des bals fastueux de la Régence.
Je me suis tellement attachée au personnage d’Edwina, aussi tendre et mélancolique que décidée et rebelle, que j’ai dévoré cet opus (4 jours m’auront suffi). Et c’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé les personnages présents dans Un Duc audacieux, le tome précédent.
Un volet moins fantasque et déluré que le précédent, mais tout aussi addictif de cette belle série. La campagne du Kent n’est pas aussi paisible qu’elle y parait…

M. Eliane

J’ai dévoré et immensément apprécié ce nouveau roman d’Anna Lyra 🤩 J’aime sa plume, elle nous fait voyager, rêver, et nous tient en haleine tout du long. Maintenant que je connais l’histoire, je vais pouvoir relire l’histoire tout tranquillement pour en apprécier chaque tournure de phrase… j’adore 😊

Anne I. Roehrich

Mon petit mot

La notion de « scandale » est indissociable de la romance Régence, en règle générale… Dans ce roman, j’ai voulu mettre l’accent sur ce qui se passe après le scandale pour les femmes incriminées. Ambiance plus cosy pour ce tome, un rythme plus lent, plus profond, avec une réclusion sociale dans la campagne anglaise, et une histoire toute douce qui éclot entre Richard et Edwina.

Prologue

Londres, 11 mai 1812.   

Il est étonnant de constater comme on peut parfois se sentir désespérément seule au milieu d’une foule… Désespérément triste au beau milieu d’une fête où chacun danse, rit, s’amuse.

Edwina Barnes en faisait, ce soir, l’amère expérience.

Oh, elle ne manquait pas de curieux ni de coquettes pour venir lui faire la conversation, ou plutôt la féliciter pour son avantageuse union à venir et glisser quelques perfides remarques sur la chance qui était la sienne, d’avoir un père avisé qui avait conclu cet accord. Père qui brillait par son absence, sans doute encore en train de discuter affaires quelque part dans la foule, foulant aux pieds son rôle de chaperon en l’absence d’une présence féminine auprès de sa fille fraîchement fiancée.

Un petit soupir échappa à la jeune fille lorsqu’elle remarqua le regard d’une douairière posé sur elle, qui s’envola bien vite tel un oiseau affamé.

Affamé de ragots, songea Edwina avec fatalisme.

Tout cela était nouveau pour elle… Elle ne participait qu’à sa deuxième saison. Elle était bien plus familière des sentiers forestiers du domaine de son père, dans le Kent, que des salons londoniens et, à ses yeux, ces derniers regorgeaient de prédateurs autrement dangereux.

Elle inclina poliment la tête en direction de la douairière, qui était revenue à la charge, puis lui tourna carrément le dos. Cette attention de tous les instants qu’elle subissait lui devenait insupportable. Mais il était inévitable que ses fiançailles fassent jaser…

Edwina s’était toujours trouvée plutôt jolie, même si son charme ne correspondait pas vraiment aux canons de beauté des salons londoniens, avec sa chevelure d’un blond pâle, sa minceur excessive, sa bouche trop large et ses pommettes hautes, héritées d’une mère qu’elle n’avait que très peu connue. Elizabeth Barnes était morte en couches aux six ans d’Edwina, la laissant avec un père effondré et deux jeunes sœurs à consoler.

Alors, qu’une jeune fille un peu fade comme elle, fille de petit chevalier de province appartenant à la gentry, mette la main sur un vieux comte de l’ancienne noblesse anglaise confinait presque au scandale.

— Courage, Edwina.

Elle sursauta, ne s’attendant pas à trouver son amie Artemis Sharp derrière elle. Celle-ci lui pris le bras pour l’entraîner plus loin de son pas vif.

— Tu tiens merveilleusement le coup, dans cette fosse aux lions, lui glissa-t-elle. Plus qu’une heure ou deux et le calvaire sera terminé !

— En es-tu sûre ?

Le sourire d’Artemis s’effaça.

Lord Stanhope, comte de Harrington, était âgé. Très âgé, même. Certaines des rumeurs qui agitaient Londres ce printemps affirmaient même que son état avancé de sénilité était la seule raison qui avait permis ces fiançailles, mais Edwina savait bien que c’était faux. Elle avait rencontré le comte. Il était certes d’un âge avancé et fort peu attrayant à ses yeux, mais loin d’être sénile ! Le regard appréciateur qu’il lui avait lancé lui donnait encore des frissons.

— Veux-tu un verre de punch ? proposa Artemis.

— J’en ai déjà bu deux.

— Un troisième ?

— Oh, je ne crois pas… Je n’ai pas envie de finir ivre : cela donnerait encore plus de grain à moudre à toutes ces langues de vipères qui passent leur temps à m’observer.

La main d’Artemis serra son bras un peu plus fort.

— Tu es courageuse. Tu y arriveras.

— J’y suis bien obligée, fit Edwina en haussant les épaules. Après tout, mon cas est loin d’être exceptionnel : combien de jeunes femmes épousent un vieil homme ? Cela se produit fréquemment.

Le regard dubitatif d’Artemis l’agaça un brin, mais elle discerna chez son amie une colère contenue qui lui noua le ventre. Elle leva une main comme elle ouvrait la bouche, ne tenant pas à entendre un discours amical visant à la rassurer… Rien ne pouvait la rassurer.

— Je t’en prie, parlons d’autre chose !

Elle s’apprêtait à devenir la troisième épouse de Lord Stanhope, et à sauver sa famille d’un tragique manque de fonds. Son sacrifice ne serait pas vain. Edwina se raccrochait à cette pensée de toutes ses forces.

Artemis dut comprendre, car elle referma la bouche.

— Alors, s’enquit Edwina pour changer de sujet, tu ne te lances pas dans une chasse au cavalier, ce soir ? Il y a pourtant de beaux partis.

— Je réserve mes flèches pour du plus gros gibier, répondit Artemis avec un clin d’œil.

Edwina se força à sourire. C’était faux, elle le savait. Artemis, tout comme son amie Eleanor, faisait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter le mariage.

Les chanceuses.

Elle chassa aussitôt cette pensée de sa tête. Elle avait de la chance ! Elle allait faire un mariage profitable, mettre sa famille et notamment ses jeunes sœurs à l’abri du besoin. Ni Charlotte ni Alice ne seraient obligée de contracter une union telle que la sienne, et cette seule promesse valait tous les sacrifices.

— Es-tu sûre de vouloir de ton vieux comte ? souffla Artemis, une lueur un peu effrayante dans son regard franc.

Edwina hocha la tête sans trembler.

— Bien sûr. C’est la meilleure solution pour la famille.

Elle n’insista pas, mais le simple fait qu’elle lui ait posé la question soulagea le cœur d’Edwina. Elle ne serait pas seule, elle aurait toujours ses amies !

— Je vais rentrer.

— Déjà ? s’étonna Edwina.

— Oui, je me sens un peu lasse.

Artemis lui souhaita le bonsoir puis s’éloigna à la recherche de leur autre amie, Eleanor Brooks. Une fille de banquier, pour sa part, un peu plus bas qu’Edwina sur l’échelle sociale, mais qui ne causait pas de scandale en épousant un comte, elle…

Lasse, Edwina fouillait la foule à la recherche de son père lorsqu’une silhouette élancée s’avança vers elle. C’était un homme qu’elle ne connaissait pas, mais qui progressait dans la salle de bal dans l’intention manifeste de lui adresser la parole.

Un scandale de plus ou de moins… Quelle différence ?

L’inconnu s’inclina devant elle, le dos bien droit, le geste sûr. Il avait le cheveu aussi brun que ses yeux, des manières élégantes et un visage d’une beauté classique : un front haut, un nez droit, des lèvres juste assez charnues pour attirer le regard, qui se plissaient actuellement en une moue absolument fascinante.

— Miss Barnes, je présume ?

Elle sursauta.

— Pour l’instant, oui.

Il sourit, d’un sourire charmant qui balaya brusquement tous les désagréments de cette horrible soirée.

— Je m’appelle Philip Turner. Je suis navré de vous importuner, Miss Barnes, mais je ne pouvais attendre que l’on nous présente… J’ai entendu votre nom dans de nombreuses bouches, ce soir. Et vous paraissiez tellement seule, tellement triste, que j’ai ressenti l’impérieux besoin de vous faire sourire.

Edwina sentit ses lèvres s’étirer irrésistiblement. Philip Turner sourit encore plus largement, dévoilant de belles dents blanches qui illuminèrent le salon – du moins, du point de vue d’Edwina.

— Ma mission est accomplie, je vois.

— En effet… Je suis enchantée, Mr Turner.

Il baissa le regard, changea de pied d’appui avec gêne. Même embarrassé, il était plein de prestance et terriblement séduisant. Sa présence avait tendance à aspirer tout le reste, autour de lui, comme une flamme aspire les ténèbres, et Edwina oublia où elle se trouvait. Le salon, la foule, les regards indiscrets, la douairière… Tout cela disparut subitement. Ne restait que cet homme si aimable.

Lorsqu’il captura à nouveau regard, elle sentit son cœur battre plus vite.

— Pas autant que moi, Miss Barnes. Mais… Vous sentez-vous mal ? Vous paraissez avoir peine à respirer.

Et, certes, Edwina éprouvait quelque peine à calmer sa respiration laborieuse. Aucun homme raisonnablement séduisant n’avait jamais posé les yeux sur elle, ou alors brièvement, et avec une lueur de mépris au fond des yeux. Alors que Philip Turner la regardait vraiment, lui parlait gentiment, et…

Elle sentit ses joues rougir. Elle devait arrêter cela immédiatement ! Que dirait le Tout Londres si elle affichait ainsi son trouble en conversant avec un gentleman, en l’absence de son honorable fiancé ? C’était inconvenant.

— Allez-vous bien, Miss Barnes ?

— Oui, je… Oui. Tout va bien, je vous remercie.

Edwina se reprit avec effort, lutta pour paraître détendue.

— C’est juste que cette salle est étouffante.

Une barre soucieuse apparut sur le front haut de Philip Turner, qui montra une porte-fenêtre à quelques pas.

— Voudriez-vous sortir un instant ? Un peu d’air frais vous ferez sans doute le plus grand bien.

Edwina le suivit. Il n’y avait aucun risque, songea-t-elle, car il ne s’agissait que d’un balcon, pas d’un accès aux jardins où les pires folies pouvaient survenir à l’ombre accueillante d’un bosquet. Ce n’était qu’un simple balcon, guère éloigné de la bonne société réunie ce soir. Inspirer un peu d’air frais serait effectivement des plus agréable, et ensuite ils reviendraient dans le salon et…

— Mr Turner ? glapit-elle soudain.

— Oui, Miss Barnes ?

— Que… Que faites-vous donc ?

— Je m’emploie à vous rendre quelques couleurs.

La grande main qui s’était glissée au creux de ses reins remonta lentement le long de son dos pour se nicher sur sa nuque, lui arrachant des frissons. Le souffle coupé, Edwina chercha désespérément les mots adéquats pour arrêter cette inconvenance… Mais rien ne lui venait. Pire, encore : son corps soupirait traîtreusement sous cette caresse insensée – et dangereuse, car comme elle l’avait pensé plus tôt, la bonne société réunie ce soir ne se trouvait qu’à deux pas, derrière un simple rideau ! Si on les apercevait, ce serait…

— Mr Turner !

Il s’était approché, son incroyable sourire accroché aux lèvres.

— Je n’y puis résister, Miss Barnes… Vous m’avez ensorcelé.

Il se pencha vers elle, très lentement, lui laissant entrevoir ce qu’il avait en tête.

Un baiser.

Edwina hésita un instant. Si elle bondissait en arrière, elle regagnerait la sécurité du salon ; dans un état émotionnel, cependant, qui ne cacherait rien de ce qui s’était passé dans le secret du balcon. Certaines mauvaises langues inventeraient même des choses qui ne s’étaient pas passé ! Sa réputation serait ruinée, ainsi que celle de Lord Stanhope par-dessus le marché.

D’un autre côté…

La douce chaleur qui l’envahissait au contact de Philip Turner n’avait absolument rien de désagréable. Rien d’effrayant, non plus. Pour tout dire, Edwina ressentait une envie certaine de se laisser entre ces bras forts, d’accueillir sur les siennes ces lèvres adorablement bien dessinées. Ce serait comme… Une sorte de dernière éclaircie dans le ciel orageux de sa vie, avant de se lancer dans la tempête à venir.

— Miss Barnes ? s’amusa Philip Turner, qui ne se trouvait plus qu’à un pouce de ses lèvres.

— Oui ?

— Vous rêvassez, dans un moment pareil ?

— Oh. Non ! Si… Enfin, peut-être.

Elle sentit son sourire contre sa bouche, puis une délicieuse torpeur lui ramollir les jambes. Elle réfléchissait trop. Enveloppée dans une chaude odeur de cuir et de savon à barbe – une odeur d’homme, qu’elle n’avait jamais respirée de si près jusqu’à présent – elle perdait lentement pied avec la réalité. C’était si plaisant ! Son esprit s’embruma, et tout ce qu’elle voulut, à cet instant, c’est le baiser promis.

Elle tendit ses lèvres, ferma les yeux.

Le contact la surprit par sa douceur. C’était à peine plus qu’un effleurement des lèvres… Edwina se pressa contre le torse de Philip, aventura ses mains sur sa veste jusqu’à ses épaules.

Il émit une sorte de gloussement devant son empressement manifeste puis saisit ses lèvres de façon plus abrupte. Edwina tressaillit, sans savoir vraiment si elle aimait cela ou non. C’était… étrange. Nouveau. Vraiment déroutant.

Philip l’embrassait maintenant avec une impétuosité qui l’intimidait un peu.

Soudain, il y eut de la lumière. Un petit cri étranglé. Du bruit.

Edwina bondit en arrière lorsqu’elle comprit que quelqu’un venait d’écarter le rideau, de les trouver en situation compromettante, et d’alerter tout le monde dans le salon !

Elle se plaqua contre la balustrade, les joues brûlantes, une main honteuse sur la bouche, au côté d’un Philip Turner plus embarrassé que jamais qui bafouillait de douteuses justifications…

Elle ferma à nouveau les yeux, pas par plaisir, cette fois, mais juste pour échapper illusoirement au scandale qui était en train d’éclater.