Les Ombres d’Édimbourg, tome 1.5

Urban fantasy — Écosse — 1ère édition septembre 2020 — Disponible en numérique et broché grand format

  • Résumé
  • Tu l’as lu ?
  • Paroles de lecteurs
  • Mon petit mot
  • Prologue
  • Lecture bonus
Les Ombres d'Edimbourg Anna Lyra Eclats d'Ombres

Résumé

Entre druides et sorcières, ça fait des étincelles depuis toujours… Oserez-vous affronter la face cachée d’Édimbourg ?

Après l’affrontement entre Ian, Emily et les autres et le maléfique Carron, quelques éclats d’ombres ont rejailli des ténèbres de Gilmerton Cove… Des fragments de la longue et mystérieuse histoire d’Édimbourg. Des récits oubliés, porteurs d’indications concernant la suite des aventures de Ian et Emily.

Ces éclats d’ombres, les voici.

A travers la novella et les nouvelles de ce recueil, faites plus ample connaissance avec des personnages secondaires de la saga, rencontrez de nouveaux venus qui réapparaîtront dans les deux tomes suivants, ou bien partez en quête de réponses dans le passé de la ville…

Voici de quoi prolonger l’aventure des Ombres d’Édimbourg.

Tu l’as lu ?

Si toi aussi tu as lu ce roman, n’hésite pas à laisser ton avis sur Amazon – ainsi que sur les plateformes de lecture (de type Babelio, Livraddict, etc.) si le cœur t’en dit ! C’est ton avis qui oriente les futurs lecteurs et lectrices, et qui contribue à faire connaître le roman. D’avance, je t’en remercie !

Paroles de lecteurs

Ce volume intermédiaire nous donne des éclairages sur l’avant et l’après. L’on comprend mieux certains comportements. Toujours aussi bien écrit.

Fanfan

Chacune des nouvelles apporte des éléments intéressants pour en apprendre plus sur les personnages, mais aussi l’intrigue de la série principale.

Irina

Voilà, ce tome est un petit bonbon ! J’ai beaucoup aimé cet opus, ce « demi-tome » en attendant la suite… Il nous garde immergé dans l’univers des « Ombres d’Edimbourg » et nous apporte de nouveaux éléments de compréhension.

Ann

Mon petit mot

La novella (court roman) et les nouvelles de ce recueil m’ont été inspirées au cours de l’écriture du tome 2 des Ombres, La Larme de Persine. Il s’agit de récits complémentaires situés dans d’autres époques, que je ne pouvais aborder au cours de l’intrigue principale. Leur lecture éclaire la suite de la saga. Il est mieux de le lire entre les tomes 1 et 2, d’où ce nom de « tome 1.5 », mais on peut aussi le découvrir après avoir lu toute la série, pourquoi pas ?

Prologue

Édimbourg, avril 1925.

— Ne soyez donc pas aussi nerveux, jeune homme. Nous nous rendons à un événement mondain, et non à une exécution.

— Oui, Sir.

Enfoncé dans son siège, au risque de froisser le costume noir à redingote que lui avait prêté le Lord Provost[1], James laissa échapper un soupir tendu. Bien entendu, qu’il était nerveux ! Ce n’était pas comme si Sir Duncan MacLeod, ancien amiral du Firth of Forth et actuel Lord Provost, le conduisait à une simple et banale inauguration de bibliothèque… Ceci aurait déjà représenté une source d’anxiété bien compréhensible, car James n’appréciait guère la foule.

Mais il y avait bien plus qu’un événement mondain.

Cette cérémonie d’inauguration allait servir de prétexte aux draoidhean[2] d’Édimbourg pour rencontrer officiellement la confrérie des sorcières, avec l’objectif délicat et non moins capital de poser les bases d’une réconciliation.

Un grand événement. Inédit. Dicté par la conjoncture. Car depuis des siècles, druides et sorcières ne se fréquentaient plus…

Il avait fallu pas moins de quatre mois pour organiser cette rencontre secrète : l’inauguration de la bibliothèque offrait une couverture idéale. En tant que Grand Draoidh de la ville et représentant de La Roue, la grande organisation druidique qui depuis des siècles veillait à la protection du monde humain, Sir Duncan MacLeod était en charge des négociations avec la confrérie des sorcières.

Et James, son jeune apprenti, faisait bien sûr partie de l’aventure.

— Nous arriverons bientôt, poursuivit Sir Duncan. N’oubliez pas : ceci est une réunion sans précédent dans l’histoire des draoidhean et des sorcières d’Édimbourg. Nous avons besoin de cette rencontre, mais il ne faut pas pour autant cesser de nous méfier des sorcières.

— Bien entendu, Sir.

— Ouvrez l’œil durant les discours. Observez. Sondez les sorcières, leurs attitudes. La Gardienne de la confrérie en particulier, cette Agapanthe. Elle a la réputation d’une femme de fer. La vigilance est de mise, James !

Il acquiesça et frotta ses mains moites à son pantalon, incapable pour l’instant de maîtriser ses émotions. D’où lui venait donc cette nervosité ? Il n’avait guère l’habitude de manquer d’assurance : en règle générale, sa haute taille, sa carrure et son aplomb lui conféraient une aisance naturelle. Et là, inexplicablement, il se sentait aussi jeune et inexpérimenté qu’un garçon de douze ans même s’il avait en fait dix ans de plus.

James prit une longue inspiration.

L’inauguration elle-même lui importait peu. En revanche, il allait être mis en présence de tous les personnages importants de la ville, qu’ils soient terrestres[3] ou non. Et il allait rencontrer des sorcières. De véritables sorcières, en chair et en os !

Depuis des temps immémoriaux, druides et sorcières d’Édimbourg avaient cessé toute fréquentation. Un ancien Code réglementait précisément leurs rapports, et permettait exceptionnellement un travail commun sous des conditions très strictes, tout en bannissant le moindre lien personnel.

Comme tous les élèves du Grand Draoidh, James entendait parler de ce Code depuis toujours et avait appris à le respecter, tout en rêvant secrètement de voir une sorcière de ses yeux. Chez lui, la curiosité prenait parfois le pas sur le devoir. Oh, il était un apprenti très consciencieux ! Mais il avait tendance à chercher à tout savoir, à tout comprendre, au grand dam de son mentor que cette constante recherche de réponses agaçait souvent.

— Sir, puis-je vous poser une question ?

— Faites, fit le Lord Provost d’un air absent, en négociant un virage serré.

— Si les sorcières sont aussi fourbes qu’on le dit, pourquoi nous fier à elles ? Nous pourrions nous préparer au mieux pour l’événement qui approche sans leur aide.

— Non, nous ne le pouvons pas. Nous allons avoir besoin d’elles. Ne commettez pas l’erreur de sous-estimer l’adversaire qui approche, James…

— Mais si Agapanthe nous a tendu un piège ?

Sir Duncan secoua la tête.

— Ce n’est pas dans son intérêt, et une sorcière pense d’abord à son propre intérêt.

James grimaça. Il en savait bien peu sur elles.

Les sorcières étaient légendaires, entourées de mystères. De clichés. On les disait dépendantes à la magie, vieilles de plusieurs siècles, chevauchant des balais les nuits de pleine lune et concoctant des potions le reste du temps. James se doutait bien que les sorcières ne se changeaient pas en chats noirs tout en adorant des dieux sanguinaires et en sacrifiant des nouveau-nés sur des autels faits d’ossements humains… Il se demandait quelle part de vérité contenait ce ramassis de rumeurs séculaires.

Comment utilisaient-elles leur magie ? Étaient-elles aussi cruelles qu’on le rabâchait aux jeunes draoidhean durant leur formation ? Aussi dangereuses ?

Il ne tarderait plus à le découvrir.

La Star 15.9 HP de 1912 à la carrosserie crème, qui faisait la fierté du Lord Provost, s’arrêta dans un crissement de gravillons devant un haut bâtiment de style Art déco à l’élégance raffinée. Une nuée d’hommes fringants et de femmes resplendissantes descendaient de voiture ou de calèche pour se diriger vers l’entrée, échangeant saluts et marques de politesse.

— Nous y voilà, fit Sir Duncan en ouvrant sa portière. Allons, venez, James ! Et ne vous faites pas remarquer. Si tout se passe correctement, j’aurai une grande nouvelle à vous annoncer après la cérémonie.

— Oui, Sir.

Il s’extirpa de la petite automobile, déploya sa haute silhouette et fit rouler ses épaules avec soulagement. Il détestait monter dans cette fichue Star, dans laquelle il devait se comprimer telle une sardine dans une boîte de conserve.

— James, enfin ! gronda sir Duncan en rajustant son col d’un geste qui aurait pu paraître paternel s’il n’avait pas mesuré une tête de moins que son assistant. Veillez à votre tenue.

— Pardonnez-moi, c’est l’auto.

— Mon automobile n’est pour rien dans votre mise négligée ! Grand Dagda[4], quelle mauvaise foi…

James rajusta les pans de sa redingote, qui accentuait la largeur de ses épaules et l’étroitesse de ses hanches, vérifia le tombé de son pantalon et guetta l’approbation de Sir Duncan.

— Voilà qui est mieux. Nous avons assez perdu de temps ! Venez, jeune homme.

Réfrénant son agitation intérieure, James redressa le menton et suivit son mentor en direction d’un premier groupe de draoidhean qui leur souriaient de loin. Ce soir, plus que jamais, il devait tenir son rang et faire honneur au Lord Provost.

Durant la cérémonie d’inauguration de la bibliothèque nationale, James s’amusa de la disposition de l’assistance. D’un côté de la salle à colonnes, les draoidhean, hommes et femmes, dignes et solennels. De l’autre, une impressionnante réunion de sorcières rivalisant de charme et de grâce. Les deux groupes s’observaient en silence, ne prêtant qu’une oreille distraite aux discours officiels.

Pour les humains présents, hautes autorités municipales et représentants de Sa Majesté Georges V, tout se déroula sans le moindre accroc. Ils ne se doutèrent visiblement pas que les deux clans de non-terrestres les plus puissants de la ville se préparaient aux premiers pourparlers organisés depuis des siècles. James remarqua un vieil homme aux impressionnantes bacchantes nacrées qui, en dépit de sa petite taille, attirait l’attention de tous par sa prestance et le regard acéré qu’il posait autour de lui.

— Voici Sir Alexander Grant, murmura le Lord Provost en suivant son regard. Le généreux mécène qui a rendu possible la création de cette bibliothèque ainsi que son inauguration ce soir.

— Alexander Grant… Le directeur des McVitie’s[5] ?

— Lui-même. Les biscuits lui ont bien profité, car on dit qu’il a sorti de ses coffres pas moins de 100 000 £ dans le but d’aider le gouvernement à acquérir les collections de l’ancienne Advocates Library[6].

James sentit soudain un étrange frisson parcourir sa nuque.

On l’observait.

Plus exactement, quelqu’un de puissant l’observait.

Il prit son temps avant de tourner la tête, affectant une feinte nonchalance… Inutile de laisser transparaître son malaise. Un trouble grandissait pourtant bel et bien en lui, comme si un événement important était sur le point de se produire. Un carrefour du destin. Un moment qui perturberait le fil de son existence, à jamais.

Tout ceci est ridicule !

Ou bien était-ce un sortilège ? Il ne devait pas oublier que les sorcières n’étaient pas réputées pour leur honorabilité et détestaient les druides, qui le leur rendaient bien.

James inspecta les alentours, feignant de laisser son regard errer paresseusement durant le discours enflammé que débutait Alexander Grant. Derrière lui, des draoidhean à l’air crispé. Il salua de la tête ceux qu’il connaissait, sourit à d’autres. Puis il s’intéressa de plus près aux rangs des sorcières, face à lui : la soudaine connexion qu’il ressentait provenait forcément d’elles.

Et alors, son regard rencontra celui, magnétique, d’une jeune femme brune aux grands yeux clairs. Toute de blanc vêtue. D’une beauté pure, éthérée et légèrement figée, telle une madone du Quattrocento[7].

James fronça les sourcils.

Qui était-ce donc ? Le connaissait-elle ? Elle paraissait un peu plus jeune que lui, si réservée que son attitude détonait parmi ses compagnes qui cultivaient une apparence ouvertement séductrice. Robes moulantes ou un rien trop courtes, décolletés à peine trop profonds, profusion de bijoux scintillants et lèvres rouge vif… La jeune femme en blanc, quant à elle, ne portait qu’une simple robe fourreau assortie d’un long collier de perles, sa chevelure noire sagement coiffée en arrière. Et pourtant, James la trouva mille fois plus séduisante que n’importe quelle femme de l’assemblée, sorcière ou non.

Immobile, elle le fixait toujours avec intensité.

James voulut interroger son mentor au sujet de cette étrange inconnue : sans doute connaissait-il son identité. Il se tourna vers lui, mais ne le vit pas.

— Sir ?

Le Lord Provost s’était éloigné pour discuter à voix basse avec une ban-draoidh qui devait l’assister dans sa prise de parole face aux sorcières, après la cérémonie. James renonça à l’interrompre.

Lorsque ses yeux cherchèrent à nouveau l’inconnue en blanc, elle avait disparu.


[1]     L’équivalent du maire d’Édimbourg, élu par le conseil municipal et menant la gestion de la ville.

[2]     Druides. Draoidh au singulier (prononcer drou-i) et ban-draoidh au féminin.

[3]     Les druides ont coutume d’appeler « terrestres » les humains sans pouvoirs.

[4]     Divinité celte honorée par la religion druidique, dont l’un des attributs est la roue en tant que symbole cosmique et temporel.

[5]     Marque de biscuits écossais.

[6]     L’Advocates Library, la bibliothèque de la faculté de droit, fut rachetée en 1920 grâce à cette aide de Sir Alexander Grant, et elle acquit le titre de National Library of Scotland en 1925 en même temps que l’inauguration de ses nouveaux locaux.

[7]     Le XVème siècle italien, des prémices de la Renaissance.

Lecture bonus

Pour les AnnaLyr’Addicts, j’ai écrit cet épisode bonus qui établit une petite chronologie des événements situés dans le passé, avant les aventures des Ombres d’Édimbourg, entre le XIIème et le XVIIème siècles. Abonne-toi à mon cercle de lecteurs VIP, ou AnnaLyr’Addicts, pour recevoir gratuitement cette chronologie.